Disposée en une ligne horizontale, comme une ligne d’horizon jamais atteignable, dont le début pourrait être la fin et réciproquement, Fronteira se compose de 36 images. Nombre choisit pour reformer l’unité de la pellicule, comme s’il était possible d’imprimer sur le film une seule et même histoire, sans coupures, sans ratages. C’est évidemment un montage, qui porte le titre d’un marquis portugais - le marquis de Fronteira (frontière), dont le nom provient de ses exploits pendant la guerre de restauration au 17ème siècle, guerre qui rend au pays son indépendance face à la colonisation espagnole.
Les frontières réelles et symboliques sont restaurées. Ici, elles prennent la forme d’un mur bleu, marqué par le temps, disparaissant par endroits sous la végétation. Les marques du temps, ce bleu qui devient pale, les fissures qui se créent viennent dégrader sa surface.
Peut-on y lire l’histoire d’un pays ? Non bien sûr, mais on peut le lire comme simple métaphore des traces que le temps laisse sur nous, rendant plus complexe les molécules des êtres qu’il vient altérer.
C’est aussi une plongée visuelle dans la couleur, qui porte en elle une émotion, une beauté, et vient apporter un temps de pause face au mouvement du monde. Un temps d’arrêt pour respirer et regarder.