Tu m’as donné les fleurs désarmées… Tu m’as donné, pour que je m’y repose haletante, la place la meilleure à l’ombre, sous le lilas de Perse aux grappes mûres… Tu m’as cueilli les larges bleuets des corbeilles, fleurs enchantées dont le cœur velu embaume l’abricot… Tu m’as donné la crème du petit pot de lait, à l’heure du goûter où ma faim féroce te faisait sourire… Tu m’as donné le pain le plus doré, et je vois encore ta main transparente dans le soleil, levée pour chasser la guêpe qui grésillait, prise dans les boucles de mes cheveux… Tu as jeté sur mes épaules une mante légère, quand un nuage plus long, vers la fin du jour, a passé ralenti, et que j’ai frissonné, toute moite, tout ivre d’un plaisir sans nom parmi les hommes, le plaisir ingénu des bêtes heureuses dans le printemps… Tu m’as dit : « Reviens… arrête-toi… Rentrons ! » Tu m’as dit…
Colette, Les vrilles de la vigne. 1908
Parce que l’acte d’offrir des fleurs contient métaphoriquement tous les sentiments que l’on éprouve mainte et mainte fois dans une vie.
Le pardon, le renouveau, la joie, le deuil, les remerciements, l’amour, la passion, l’amitié, le ressentiments, la déception. Et qu’elles fanent, elles aussi, mais se renouvellent sans cesse, prises dans la boucle du temps.
Le pardon, le renouveau, la joie, le deuil, les remerciements, l’amour, la passion, l’amitié, le ressentiments, la déception. Et qu’elles fanent, elles aussi, mais se renouvellent sans cesse, prises dans la boucle du temps.